Tout ce que vous ne savez pas sur Phil Ivey (mais avez envie de le savoir)

Phil Ivey est régulièrement cité comme le plus grand joueur de poker de tous les temps. On revient sur la carrière du Tiger Woods du Poker avec anecdotes, fun facts, photos cultes et en bonus Bibibiatch qui analyse ses mains mythiques !

 

Phil Ivey en quelques chiffres

• Né le 1er février 1977
• 11e mondial avec +30 Millions $ de gains live
• 10 Bracelets WSOP
• 0 le nombre de ses bracelets gagnés en Holdem 
• 15 h de jeu et entraînement par jour pendant 10 ans = 55 000 h entre 20 et 30 ans
• Percevait 920 000 $ par mois comme égérie Full Tilt
• 16.6 Millions $ remportés en 3 jours contre Andy Beal

 

Genèse d’un génie

Phil Ivey a commencé le poker avec son grand-père à l’âge de 8 ans, jouant au bon vieux 5-card stud, parfois pour quelques pennies. Confronté à la passion naissante du jeune Phil, le grand-père a craint que son petit-fils ne devienne addict et s’est mis à tricher pour le dégoûter du jeu. Sans grand succès apparemment... 

Ivey s’est fait la main contre les collègues de son premier boulot, de télémarketeur. Phil n’avait pas l’âge légal de 21 ans pour jouer dans les casinos du New Jersey. Il s’est donc créé une fausse carte d’identité, au nom de Jerome Graham pour jouer notamment au Trump Taj Mahal, le célèbre casino du président américain, qui a depuis fermé après avoir fait faillite.

Ivey s’est retrouvé broke plusieurs fois. Le futur multimillionnaire a passé de nombreuses nuits sur la plage du casino. Etait-ce car il était trop tard pour rentrer chez lui ou alors qu’il n’avait pas de chez lui ? Les versions divergent. Quoiqu’il en soit, le premier surnom de celui qui n’était pas encore “Le Tiger Woods du Poker” était : “No Home Jerome”.

Phil ne s’est jamais découragé et s’est mis à jouer 15 h par jour, tous les jours, de ses 20 à 30 ans. J’ai fait le calcul, ça donne quelque 54 750 h de pratique. Qui a dit qu’il fallait 10 000 h pour maîtriser un domaine ?

Phi lvey n’aurait pas progressé autant si, en plus de sa pratique, il ne s’était mis à côtoyer des excellents joueurs. Son mentor Barry Greenstein considère Phil comme son fils pokeristique, et son ami Daniel Negreanu a récemment dit de Phil Ivey qu’il était le plus grand joueur de poker, si l’on prend en compte l’ensemble des variantes.

Phil Ivey is the greatest poker player I’ve ever played against.

There are some great no limit hold’em players out there but that’s just one variant of poker.

Ivey is great at all things poker. He isn’t a one trick pony.

That’s my take. https://t.co/H2N0d1Sc2z

— Daniel Negreanu (@RealKidPoker) April 20, 2020

 

Phil Ivey le Sauveur

Un beau jour de 2001, le milliardaire américain Andy Beal, mathématicien brillant qui a fait fortune dans la banque se rend au Bellagio de Vegas et demande à jouer les plus hautes tables de Limit Holdem. Andy Beal avait la bankroll pour rendre scared-money les plus gros pros de l’époque. Ils se sont alors ligués contre le milliardaire, faisant bankroll commune. The Corporation était née.

On y trouvait les grands noms de l’époque, comme Ted Forrest, Jennifer Harman, Doyle et Todd Brunson, Howard Lederer, Chip Reese, Gus Hansen, Barry Greenstein et bien sûr Phil Ivey.

Les blindes sont montées jusqu’à 100.000$/200.000$ et Andy Beal aurait remporté le plus gros pot de l’histoire, à 11.7 Millions $ ! Malgré ce pot, The Corporation a assis sa supériorité remportant plusieurs millions de dollars. Andy Beal a alors annoncé arrêter le poker.

Comme tous ceux qui ont annoncé arrêter le poker, Andy a menti et en 2006 il est revenu, plus ambitieux que jamais. The Corporation a réuni 10 Millions $... que les pros ont rapidement perdus ! Certains des plus grands noms du poker étaient alors presque broke.

The Corporation a réussi à réunir 1 Million supplémentaire, qu’elle a confié à son dernier espoir, celui qui avait déjà gagné 4 de ses 10 bracelets, Phil Ivey.

Aux blindes 30.000$/60.000$, Phil Ivey a remporté 2 Millions $ lors de la première session. Beal a demandé sa revanche et le lendemain Phil a délesté le milliardaire de 4.6 Millions supplémentaires. Andy Beal a exigé une ultime confrontation, cette fois-ci, un combat de 4h, aux blindes 50.000$/100.000$ !

Phil Ivey a fini de martyriser celui qui allait devenir conseiller Donald Trump, lui prenant 10 nouveaux Millions ! 2+4.6+10 = 16.6 Millions gagnés par Phil Ivey en 3 jours, sauvant l’honneur - et le portefeuille - de The Corporation !

Suite à cette cinglante défaite, Andy Beal a une nouvelle fois annoncé son arrêt définitif du poker. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre qu’en 2015, Andy a perdu 5 Millions $ en une seule session contre Todd Brunson, sous le regard de son papa Doyle…

Le vainqueur était mis en avant dans cette pub osée - et culte !

 

Phil le Balla

Phil a toujours été respecté par la vieille garde, pas seulement pour son jeu, mais aussi pour son éthique, adhérant au code des gamblers old-school. Doyle Brunson a par exemple raconté qu’à la mort de Chip Reese (à seulement 56 ans), Phil l’avait appelé pour lui dire qu’il avait des dettes conséquentes auprès de Chip et voulait savoir à qui il pouvait transmettre l’argent.

En 2005, la chaîne Fox Sports a annoncé vouloir organiser un Sit n Go à 6 joueurs, à 10 Millions de buy in. Ivey avait alors indiqué son intention de jouer mais le projet a dû être abandonné, faute d’adversaires.

Une anecdote très connue montre bien le côté Balla d’Ivey. Bien qu’elle ait des allures de légende urbaine, cette histoire a été confirmée, notamment par Negreanu. En 2009, un groupe de businessmen dîne au Wynn de Vegas. Ils aperçoivent Ivey, leur idole, à une table voisine. Pour montrer leur admiration, ils demandent au serveur d’offrir une bouteille de Cristal à Phil. La bouteille de l’emblématique champagne était vendue 500 $. Quelques minutes plus tard, le serveur revient à la table des hommes d’affaire avec 5 bouteilles de Cristal, offertes par Phil ! Amusés, ils ont décidé de surenchérir et faire livrer 20 bouteilles à la star. Peu après, les businessmen ont vu arriver les serveurs poser des caisses partout autour d’eux. Il y avait 200 bouteilles soit pour 100k de champagne ! Le serveur leur a tendu un mot écrit de la main de Phil : "...and I won't stop.”

 

Heureux au jeu…

En 2002, Phil Ivey a épousé Luciaetta, son amoureuse de lycée. Ils ont divorcé 7 ans plus tard. Luciaetta a reçu 2.2 Millions en bijoux et sacs à main et touchait une pension de 180 000 $ par mois.

Depuis, on ne connaît pas de relation sérieuse à Phil Ivey.

 

La chute d'Icare 

Jusqu’au Black Friday en avril 2011, Phil Ivey était sur le toit du poker mondial. Il totalisait 15 Millions de gain en live (aujourd'hui 11e mondial avec +30 Millions $) et trônait à la 1ère place du classement High Stakes db online, avec près de 20 millions de gain. Tous les mois, Full Tilt lui versait près d’1 millions de $ (de quoi relativiser la pension de 180k).

Depuis, Phil Ivey est devenu un des plus gros perdant online. Il a perdu 2.5 Millions $ sur PokerStars sous le pseudo Raiseonce et 6.3 Millions $ sur FullTilt sous le pseudo Polarazing. Un de ses bourreaux n’était autre que le Français Alexandre Luneau, qui a pris sa retraite pokeristique depuis. On se rappelle du magnifique compliment que Phil lui avait adressé: "Je joue contre toi car c'est en affrontant les meilleurs qu'on progresse !"

Cette dernière décennie, Phil Ivey a surtout fait les gros titres pour ses micmacs d’edge-sorting aux casinos de Borgata (USA) et de Crockfords (Angleterre). Accompagné d’une tricheuse professionnelle, Phil Ivey jouait au baccarat et profitait d’un défaut des cartes utilisées par ces casinos pour avoir l’avantage.

 

Si le Crockfords avait refusé de régler la majeure partie des gains des deux acolytes, le Borgata avait versé les 10 Millions $ ainsi gagnés. Le Casino américain avait donc poursuivi Ivey en justice.

Aux WSOP 2019, Phil avait remporté 130k. Armé d’un mandat, c’est l’avocat du casino qui a récupéré la somme. Il était devenu impossible pour Ivey de jouer au poker aux Etats-Unis et l’on a vu le natif du New Jersey jouer les WSOP Europe et partypoker millions de Sochi.

On devrait toutefois revoir Phil Ivey jouer aux USA une fois la pandémie passée, car les deux parties ont trouvé un accord, tenu secret, en juin dernier.